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Louves noires

Danse avec les louves noires, dans la forêt où grésillent les petits
bruits nocturnes, une jeune pousse où s’éveille la vie latente et alanguie
de la manière d’une princesse de jade. Fleuri des boutons de couture, où
s’emmêlent des esquisses juvéniles, au côté du pectoral d’or incrusté
de racines mielleuses. Dandine ci-et-là des jeunes fleurs où perle sur chaque
pétale une goutte de chimère, ces gouttes roulant, tant bien que mal sur les
nervures de ces grâces, rebondissant joyeusement au gré de leurs envies. En
s’incrustant peu à peu avec l’environnement, ces gouttelettes incorporent
la grande famille tout en l’aliénant. Descendant par étapes successives, se
reposant quelques fois sur une petite roche d’ombre bleue. Là,
grandit tant la grande révolte éclaboussant les autours que le rivage
s’adapte à ce fait nouveau avec un grand mal. Un colibri butine une fleur
bleue, une goutte glisse dans ses petites plumes colorées venant
d’outre-tombe. Le jeune oiseau s’envole, emportant la nouvelle avec lui. Une
douleur lancinante l’envahit peu à peu. Son aile innocente faiblit, la chute.
Une chute appauvrissant la nature d’un fond vert. L’oiseau s’abîme sur
cette jeune pousse. La vie succombe à peine après avoir constaté qu’elle
existait. Les louves lèchent doucement cette jeune vie et succombent à leur
tour dans le sommeil éclaircissant les jours. Petite pierre roule et se sépare.

Novembre 2000

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